Les activités économiques continuent à se dégrader considérablement sur le territoire national, en raison de la multiplication des actes criminels, perpétrés en toute impunité par les gangs armés, et de la persistance de la crise du carburant, due notamment au blocage du terminal de Varreux (dans la commune de Cité Soleil, au nord de Port-au-Pince) par les gangs armés, depuis plusieurs semaines, observe l’agence en ligne AlterPresse.
L’anxiété ne cesse point de gagner les ménages, contraints d’effectuer des pirouettes et acrobaties pour aller vaquer à leurs occupations régulières.
Partout, sur le territoire national, pullulent des gangs armés, qui s’arrogent le droit, en toute impunité, de réclamer de l’argent aux citoyennes et citoyens, commerçantes et commerçants, etc.
Faute de quoi, ces gangs criminels assassinent, pillent, volent, violent, commettent de multiples actes de kidnapping, sans être nullement inquiétés par la police.
Au contraire, beaucoup de policiers nationaux profitent de cette situation délétère pour exiger le paiement de sommes d’argent, afin d’assurer la sécurité de marchandises ou d’entreprises.
Aucune disposition institutionnelle n’est prise, depuis plusieurs mois, par les autorités de facto, qui affichent plutôt un mépris caractérisé vis-a-vis de ce qui se passe en Haïti.
Cette détérioration économique pousse de nombreuses entreprises à réduire leurs activités et services ou fermer temporairement leurs portes, en espérant un retour à la normale, en fonction de l’évolution de la situation.
A travers des mesures exceptionnelles, adoptées jusqu’à nouvel ordre, certaines de ces entreprises ont non seulement réduit leurs horaires de fonctionnement, mais aussi les salaires des employés d’un pourcentage n’excédant pas 50%.
Des milliers d’employés sont mis en disponibilité dans ce contexte d’aggravation de la crise économique.
De plus, beaucoup de containers de marchandises sont bloqués depuis plusieurs mois, au niveau de la douane de Port-au-Prince, à cause de la situation sécuritaire qui limite la circulation des personnes, apprend-on.
Les risques d’une grande pénurie tendent, de plus en plus, à se faire sentir sur le marché national.
Déjà, différents produits essentiels à la consommation (ail, hareng, entre autres) commencent à devenir rares sur le marché national.
Aggravation de l’insécurité alimentaire avec les violences armées
« La situation sécuritaire et les épisodes de blocages ralentissent les investissements en cours, notamment ceux du secteur privé ainsi que le petit commerce constituant la principale source de revenus pour une bonne partie de la population », a signalé, à la fin du mois d’octobre 2022, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) dans une analyse du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Ipc) dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
4,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population (48%), connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, dont 19,200 classées en situation de catastrophe (phase 5 de l’Ipc).
Quoique les agentes et agents economiques parlent de plus de 100% de hausse, pour beaucoup de produits, le taux d’inflation dépasse les 30% depuis juillet 2022, un niveau jamais atteint depuis près de 20 ans, rappelle la Cnsa.
De plus, une hausse d’environ 63 % en glissement annuel a été observée au niveau du panier alimentaire des denrées essentielles.
« Tous les départements (géographiques) ont dépassé la barre des 50% de hausse et certains ont atteint un glissement de près de 70% en rythme annuel ».
De mars à juin 2023, la Cnsa anticipe une légère détérioration de la situation au niveau des zones dépendantes de l’agriculture.
Une légère amélioration est toutefois envisagée, notamment dans les zones urbaines qui dépendent un peu moins de l’agriculture.
Une intensification des activités des gangs armés entraînerait une réduction de l’approvisionnement des marchés en produits agricoles locaux, issus de la récolte d’hiver (décembre 2022 – mars 2023), prévient la Cnsa.
Globalement, « l’économie haïtienne devrait rester en état de crise, au cours de la période de projection, en raison, entre autres, de la détérioration du taux de change, de l’augmentation des prix internationaux de produits alimentaires, de l’impact de la guerre russo-ukrainienne ».
Les injections de dollars, effectuées depuis le mois d’août 2022 par la Banque de la république d’Haïti (Brh) sur le marché national – particulièrement pour certaines entreprises d’importation – qui devraient soulager les couches les plus démunies de la population, n’ont pas du tout permis de contenir la dépréciation de la gourde.
Il faut, à présent (novembre 2022), plus de 125.00 gourdes pour un dollar américain sur le marché formel, alors que ce taux de change dépasse les 140.00 gourdes pour un dollar américain sur le marché parallèle.
Face à la sévérité de l’insécurité alimentaire dans les zones classées en urgence et la proportion des ménages en situation de catastrophe, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire recommande aux autorités concernées d’agir urgemment, afin de répondre aux besoins alimentaires des ménages les plus pauvres et les plus affectés.
La Cnsa appelle surtout à accompagner ces ménages vulnérables, pour les aider à reconstruire et développer des moyens d’existence et leurs avoirs.